Etienne Assi (Président de l’ONG AFRICA FELIZ): «Les femmes travaillent plus que les hommes »
Etienne Assi est le président d’Africa Feliz, une organisation non gouvernementale basée en Espagne qui lutte contre l’immigration clandestine des Africains en Europe. Ce citoyen ivoirien de la diaspora explique ses ambitions et le combat qu’il a engagé contre le chômage et la pauvreté en Afrique.
Que signifie Africa Feliz ?
Ça veut dire Afrique heureuse. Notre objectif est d’aider tous les Ivoiriens qui arrivent en Espagne à régulariser leur situation dans la sous-région européenne. Nous aidons aussi ceux qui veulent y aller à le faire dans la légalité. Pour ce faire, nous avons décidé d’agir en luttant contre la pauvreté et le chômage dans nos pays africains, surtout en Afrique subsaharienne. Notre souci majeur est de créer des activités génératrices de revenus dans tous les pays au Sud du Sahara afin d’améliorer les conditions de vie et de travail des populations. Cette Ong existe depuis 2008. Elle est basée en Espagne.
Quelles actions avez-vous menées depuis 2008 ?
Nous avons sensibilisé avec des images à l’appui les populations pour qu’elles ne financent plus ces immigrations clandestines. Il faut savoir que chaque année, nous enregistrons près de 20 000 morts liés à l’immigration clandestine. C’est énorme. Nous avons sillonné plusieurs pays pour qu’ils n’encouragent pas cette immigration. Le gros problème c’est que derrière cette immigration se cache une maffia de trafiquants d’organes humains. Dans nos investigations, nous avons découvert des corps sans sexe, sans tête, sans reins, sans poumons etc. Et cela complique davantage notre action. C’est inquiétant. Nous avons eu l’appui de nombreux chefs d’Etat à travers leurs ambassades en Espagne. Nous avons mené une campagne de sensibilisation au Sénégal, en Mauritanie, au Mali, en Guinée Equatoriale, au Cameroun et en Côte d’Ivoire.
Croyez-vous que cette campagne de sensibilisation a eu un impact sur la baisse de l’immigration clandestine ?
Oui. Nous croyons avoir été entendus. Même si jusqu’ici ce phénomène n’a pas encore totalement disparu, les choses avancent dans le bon sens. Il y a une réduction considérable des immigrés clandestins en Espagne. C’est un travail de longue haleine et nous ne baisserons pas les bras.
En Côte d’Ivoire, vous formez des femmes au métier de la peinture et du bâtiment. Pourquoi un tel choix?
Aujourd’hui, les femmes font les mêmes travaux que les hommes. Il y a des femmes dans la mécanique et dans bien d’autres secteurs d’activité naguère dévolus aux hommes. Des études ont montré que nos économies sont tenues par les femmes. Elles travaillent plus que les hommes. Il faut donc leur donner l’occasion de s’exprimer. Nous avons choisi la gent féminine parce que dans nos pays le chômage tendait à se féminiser. En tout cas, les 980 femmes déjà formées sont contentes d’exercer ce métier. Elles ont déjà démarré les activités. Les gens sont émerveillés de les voir travailler.
Quand cette formation a-t-elle démarré et quels sont les critères pour y participer ?
La formation a commencé en février 2013. Le seul critère, c’est l’âge. Il faut avoir 18 ans et plus. Notre objectif est d’atteindre 1500 femmes. La formation est gratuite. Mais le kit de formation coûte 25 000 Fcfa. Après la formation, nous les insérons automatiquement. Nous avons des écoles à Angré et Yopougon. Nous allons ouvrir une école à Daloa et Korhogo bientôt.
Quelles sont les qualités d’une belle femme?
C’est celle qui a un beau mental et qui connaît sa place dans le couple. La femme est la patronne du foyer et l’homme le chef de famille. C’est elle qui fait fonctionner le foyer et lorsqu’elle prend un coup, le foyer s’en trouve menacé. Je tiens à dire que physiquement, il n’y a pas de vilaines femmes sur terre. Toutes les femmes africaines sont belles. Il suffit d’un peu de moyens pour les rendre coquettes.
Que pensez-vous de Koundan Magazine ?
C’est un magazine que je connais bien. Je l’ai vu naître. Il fait son chemin. J’encourage la promotrice. Elle fait un travail formidable. Je voudrais encourager toute la jeunesse à se former et à ne pas rêver d’aller en Europe. Aujourd’hui, l’Europe est en crise. La croissance économique se trouve en Afrique. On peut aller chercher le savoir en Europe pour venir le mettre au service de notre continent.
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