Grossir les seins et les fesses: Les dessous d’une pratique en plein essor

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Poitrine volumineuse, fesses charnues, lèvres pulpeuses…La liste n’est pas exhaustive. Le culte des rondeurs fait courir de nombreuses femmes. Qu’elles soient jeunes ou adultes, elles ne cachent pas leur envie de voir leur corps se transformer. Simple désir de paraître ou envie de séduire, dans tous les cas, la quête des rondeurs n’est pas sans risques.

Lorsqu’elles ont des fesses “plates”, elles veulent les avoir rebondies et lorsque leurs seins sont petits et/ou affaissées, elles sont prêtes à tout pour les voir  prendre des proportions protubérantes et redevenir fermes. Elles, ce sont ces femmes qui du jour au lendemain ne supportant plus les ennuis émotionnels que leur cause leur physique arpentent rues, hôpitaux et salons de beauté à la recherche de “substances magiques” qui viendraient transformer leur corps et partant, le courant de leur vie. Devant le “succès” enregistré par cette tendance à se grossir fesses et seins, bien évidemment, des voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme des pratiques contre-nature. Qu’à cela ne tienne. Ces pratiques ne disparaîtront pas de sitôt.

Elles ont retrouvé la joie d’exister

De nombreuses femmes louent les bénéfices du grossissement des fesses et des seins. C’est le cas d’Amy S.,  commerçante de 33 ans qui réside à Treichville. « Je voulais avoir de grosses fesses, mais je ne savais comment m’y prendre. Une copine m’a parlé d’une pilule que j’utilise depuis quelques semaines et je vous assure que le résultat est formidable. Je sens que j’existe maintenant, je ne passe plus inaperçue. Quand je marche, je sens les regards sur moi et surtout les hommes me draguent de plus en plus » clame-t-elle fièrement. Même son de cloche chez Josiane H.,  comptable de 28 ans à Cocody. « Pour avoir de gros seins, j’ai dû utiliser un produit obtenu à partir d’un mélange de plusieurs plantes. Ça m’a permis d’augmenter naturellement la taille de mes seins sans chirurgie. Et depuis que mes seins ont pris du volume, mon chéri me trouve plus excitante», affirme-t-elle avec un sourire qui en dit long sur le bonheur qu’elle vit dans son couple. Les produits qu’elles ont utilisés ont positivement impacté la vie d’Amy et de Josiane. Au fond, en corrigeant leur physique, elles ont pu surmonter ce qui à leurs yeux et aux yeux de leur entourage était un handicap. Ainsi, la frustration a pu être évitée chez l’une quand le foyer de l’autre s’est consolidé. Ces deux cas expliquent le succès que rencontrent les produits qui font grossir les seins et les fesses auprès de la gent féminine. Mais ce succès n’occulte pas les mésaventures vécues par certaines femmes.

  Quand le désir d’être belle vire au drame

« En voulant faire grossir mes fesses, j’avalais des comprimés qui augmentaient mon appétit. Au bout du compte, il n’y a pas que mes fesses qui ont grossi. Avant je faisais 65 kilos ; aujourd’hui, je pèse 80. Et je n’arrive plus à marcher longtemps car je m’essouffle» Ces propos sont de Stéphanie B. qui vit chez sa sœur aînée dans les environs de l’hôpital général de Port-Bouët. Notre interlocutrice regrette amèrement d’avoir ingurgité des gélules pour faire grossir ses fesses. Depuis lors, elle ne se sent plus bien sa peau. D’ailleurs, son entourage ne comprend pas qu’en moins de deux mois, elle ait pris autant de kilos. Mais, Stéphanie devrait se réjouir de sa situation, car à entendre Geneviève N., une jeune étudiante de 22 ans, les effets de ces produits peuvent être bien pires. En effet, constamment sous le feu des critiques de son petit ami, visiblement  attiré par les femmes aux grosses fesses, elle s’est imposée un traitement fait à base d’une crème dont elle se frotte les fesses toutes les nuits, et de cubes d’assaisonnement qu’elle utilise en suppositoire. « Malgré ce traitement, mes fesses n’ont pas vraiment grossis. Ce sont plutôt mes hanches qui ont pris des proportions et ça m’a donné une vilaine forme. En plus, les cubes m’ont donné des infections. J’ai dû arrêter»  Si Geneviève N. s’en est tirée avec un physique moins séduisant et une infection dont elle finira par guérir, Awa M. aura moins de chances. Jeune fille de 15 ans, vendeuse d’eau glacée à la gare routière d’Abobo, elle est décédée en 2012 entre les mains de sa grande sœur qui l’hébergeait. Renseignements pris auprès de cette dernière, l’infortunée aurait succombé suite à l’utilisation de cubes d’assaisonnement pour faire grossir ses fesses. Comme quoi, le désir d’avoir des rondeurs peut virer au drame. Surtout que bien souvent, la qualité des produits utilisés laisse à désirer.

Des produits de qualité douteuse

Commercialisés sous des noms très flatteurs (« Bôtchô », « Bobaraba », « Mamy Jo », « Résultat garanti », « Femme africaine » …), ces produits ne sont en général pas prescrits par la médecine conventionnelle. De fait, la posologie est souvent fantaisiste. Pis, les conditions de conservation laissent à désirer. Très souvent exposés au soleil et à la poussière, parfois dans des emballages  abîmés, ces produits ne méritent pas d’être vendus. Mais, pour les besoins de la cause, des femmes n’hésitent pas à se les offrir pourvu qu’on leur promette des rondeurs. Cette situation ne devrait pas laisser les pouvoirs publics indifférents. Le ministère en charge de la Santé et de la Lutte contre le Sida ainsi que celui de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant  devraient lutter contre ce phénomène en passe devenir un véritable fléau. Ces “médicaments de la mort” doivent être interdits.

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